Développement de l'agriculture en Afrique: Le président de la Banque Africaine de développement justifie les appuis de son institution
24/01/2023 21:37 | Lu 240 fois | Economie
Dr Akinwumi Adessina, Président de la Banque Africaine de développement (BAD) revient dans cet entretien, de l’importance qu’accorde l’institution qu’il dirige, à la sécurité alimentaire et plus particulièrement de l’agriculture en Afrique. Pourquoi l’agriculture fait-elle partie des priorités de la Banque africaine de développement ?
La Banque africaine de développement considère l’agriculture et l’agro-industrie comme une particulièrement stratégique pour plusieurs raisons. Garantir la souveraineté alimentaire le droit des États à déterminer leurs propres politiques agricoles et alimentaires est capital pour le développement socio-économique des pays africains. Le continent importe aujourd’hui plus de 100 millions de tonnes métriques de céréales, pour un coût annuel de 75 milliards de dollars, environ 37.500 milliards FCFA. Les derniers chocs externes, notamment l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, ont encore démontré que l’Afrique reste trop dépendante des importations de denrées alimentaires de base et d’intrants agricoles. L’agriculture est également le pilier de la plupart des économies africaines et un pourvoyeur d’emplois majeur. Et ce secteur peut s’avérer plus important encore pour l’avenir du continent. 65 % des terres arables restantes au monde se trouvent en Afrique, qui est dotée aussi de la population la plus jeune et la plus dynamique au monde. Ce sont quelques-unes des raisons pour lesquelles la Banque africaine de développement juge que l’Afrique est en mesure de se nourrir elle-même mais aussi les 9 milliards d’habitants que comptera la planète d’ici à 2050.
En quoi la souveraineté et la sécurité alimentaires sont-elles essentielles en Afrique ?
L’Afrique ne produit pas assez de nourriture pour nourrir sa population et se révèle trop dépendante des importations alimentaires, elles-mêmes soumises à la volatilité des cours mondiaux et aux pressions inflationnistes. La hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires a de sérieuses incidences sur les ménages en Afrique, exacerbant la pauvreté. En Afrique subsaharienne, les ménages consacrent jusqu’à 40 % de leur budget à l’alimentation (contre 17 % dans les
économies développées).
Pourquoi la Banque mise-t-elle sur l’innovation et la technologie pour le développement de l’agriculture en Afrique ?
Si l’agriculture s’avère l’un des principaux secteurs économiques et l’une des principales sources d’emploi en Afrique, les pratiques de production actuelles sont trop souvent dépassées, à petite échelle et inadaptées aux exigences des marchés et d’une population en forte croissance. La production alimentaire continue de reposer en grande partie sur de petits producteurs, qui pratiquent souvent une agriculture de subsistance. Or, l’agriculture doit être abordée et développée dans une perspective entrepreneuriale, ainsi que n’a de cesse de le souligner le président de la Banque africaine de développement, AkinwumiAdesina. Pour améliorer la productivité et les revenus des agriculteurs, réduire les pertes post-récolte et accroître la production agricole, et pour renforcer les chaînes de valeur agroalimentaires, la Banque mise sur la fourniture de technologies modernes, de semences et d’intrants de qualité, la modernisation des outils agricoles, la mise en place d’infrastructures de transformation aux standards internationaux et la création de valeur ajoutée. L’objectif est de passer d’une agriculture de subsistance traditionnelle à un secteur agro-industriel moderne et compétitif, en mesure de nourrir tout le continent africain et de rivaliser sur les marchés internationaux.
Quel rôle le secteur privé a-t-il à jouer pour réaliser le plein potentiel agricole de l’Afrique ?
Le marché agroalimentaire de l’Afrique pourrait passer de 280 milliards à 1 000 milliards de dollars (140.000 à 500.000 milliards FCFA), d’ici à 2030, d’après les projections de la Banque africaine de développement. Pour atteindre cet objectif ambitieux, il faut de nouveaux investissements massifs et supprimer les obstacles au développement agricole. Une grande partie de ces nouveaux investissements pour accroître la productivité agricole, développer des infrastructures de soutien, des systèmes agricoles intelligents face au climat et introduire d’autres améliorations tout le long des chaînes de valeur alimentaires proviendront du secteur privé.
Quels sont les obstacles à une plus grande implication du secteur privé dans l’agro-industrie en Afrique ?
Les obstacles au développement du secteur agro-industriel privé sont à la fois structurels (une majorité des exploitations de petite taille, manque d’infrastructures et de financement) et conjoncturels (volatilité des prix, perturbation des chaînes d’approvisionnement, chocs climatiques…). La Banque africaine de développement offre un soutien à tous les acteurs du secteur, quelle que soit leur taille : petits agriculteurs, commerçants, producteurs et distributeurs d’intrants, banques commerciales et industriels. Outre les doter des outils et du savoir-faire nécessaires, l’objectif est de fournir des capitaux à tous les acteurs des chaînes de valeur agro-industrielles, afin de leur permettre d’investir et de se développer avec les meilleures pratiques.Un obstacle majeur au développement des acteurs privés est le manque de financement par crédit, de l’ordre de 27 à 65 milliards de dollars par an, selon plusieurs études. Cela est dû en grande partie au risque perçu d’investir dans l’agriculture. Pour y remédier et attirer les investisseurs privés, la Banque conçoit et déploie des outils de réduction des risques. Par exemple, la Banque a conclu un projet conjoint de garantie de crédit commercial de 4 millions de dollars environ 2 milliards FCFA, avec le géant des engrais OCP Africa, en octobre 2021, qui devrait profiter à quelque 430 000 petits exploitants agricoles, en Côte d’Ivoire et au Ghana.
Quels sont les programmes spécifiques pour l’agriculture et l’agrobusiness qui ciblent le secteur privé en Afrique ?
La stratégie « Nourrir l’Afrique » de la Banque africaine de développement accorde une grande importance au secteur privé et tous ses programmes et initiatives tiennent compte du secteur privé. Par exemple, le Mécanisme africain de financement du développementdes engrais, mis en place en 2007 dans le sillage de la Déclaration d’Abuja, encourage la production et la distribution d’intrants de qualité en Afrique. Encourager la production d’intrants sur le continent est d’autant plus pertinent que l’Afrique est riche en gisements de phosphate et de gaz naturel, deux des trois macronutriments dont sont composés les engrais. Le Mécanisme de financement du développement des engrais en Afrique offre des garanties de crédit commercial et des accords de participation aux risques pour répondre aux besoins de liquidités des importateurs, des courtiers-fournisseurs et des institutions financières.
Une approche intégrée du genre est-elle un facteur important dans le développement de l’agriculture africaine ?
Oui. Outre le fait qu’on ne saurait ignorer la moitié de la population du continent, les femmes représentent la moitié de la main-d’œuvre employée dans l’agriculture et une grande partie des petits agriculteurs et éleveurs en Afrique. Pourtant, elles ont encore plus de difficultés que les hommes à accéder aux financements.Dite AFAWA (pourAffirmative Finance Action for Women in Africa en anglais), l’Initiative pour favoriser l’accès des femmes au financement en Afrique a été conçue pour combler le déficit de financement de l’ordre de 24 milliards de dollars (12.000 milliards FCFA) environ qui affecte les femmes entrepreneures en Afrique. Fin décembre 2022, AFAWA avait franchi la barre du milliard de dollars de prêts, qui sont tous allés à des PME dirigées par des femmes. Beaucoup d’entre elles œuvrent dans le secteur agricole.
Que fait la Banque africaine de développement pour améliorer l’agriculture africaine et la rendre plus résiliente et productive ?
Au cœur des efforts de la Banque africaine de développement pour stimuler la production alimentaire et l’agriculture de manière intelligente face au climat, figure sa plateforme « Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine » (TAAT, par acronyme anglais). Ce programme vise à doubler la productivité des cultures, de l’élevage et de la pêche, en mettant des technologies éprouvées à la disposition de plus de 40 millions de producteurs d’ici à 2025. Ce qui va permettre de produire 100 millions de tonnes métriques de denrées alimentaires en plus et de nourrir 200 millions de personnes. TAAT fournit des variétés de blé tolérantes à la chaleur, des variétés de maïs tolérantes à la sécheresse, des variétés de riz à haut rendement et d’autres semences certifiées intelligentes face au climat à des millions de petits exploitants agricoles africains.L’Éthiopie, en particulier, a enregistré des résultats importants grâce à TAAT. Grâce aux variétés tolérantes à la chaleurmises à disposition, les rendements moyens du blé ont doublé, passés de 2 tonnes à 4 tonnes par hectare. Résultats : l’Éthiopie n’a pas importé de blé en 2022 et prévoit même d’en exporter vers ses voisins en 2023.
Depuis sa création en 2018, TAAT a mobilisé plus de 800 millions de dollars, environ 400 milliards FCFA, d’investissements dans les chaînes de valeur agricoles à travers 21 pays africains. Auxquels s’ajoutent 500 millions de dollars, environ 250 milliards FCFA de cofinancements de la Banque mondiale, du Fonds international de développement agricole, de la Banque islamique de développement, du Fonds pour l’environnement mondial et d’autres organisations. En juillet 2022, le Conseil de la Banque a approuvé 27,41 millions de dollars, environ 13,705 milliards FCFA supplémentaires pour « TAAT II », qui entend augmenter la productivité et les revenus des ménages agricoles en leur donnant accès à des technologies résilientes au climat dans 36 pays africains à faible revenu d’ici à 2025. TAAT II s’appuie sur un modèle basé sur le marché en partenariat avec le secteur privé pour diffuser technologies et services (semences, engrais, vulgarisation) à plus grande échelle. Et, pour tirer parti de la savane, qui couvre 400 millions d’hectares en Afrique, un sous-programme spécifique, « TAAT-S ». L’objectif est de tirer profit de ces vastes étendues en cultivant du maïs et du soja de manière compétitive pour l’industrie avicole la demande est forte sur tout le continent. Après un projet pilote lancé au Ghana en 2018, TAAT-S est déployé en Côte d’Ivoire depuis 2021 ; suivront le Congo-Brazzaville, le Kenya, le Nigeria, le Mozambique, l’Ouganda, la Tanzanie, le Togo et la Zambie d’ici à 2025.
Quels sont les chocs exogènes qui ont nui à l’agriculture africaine ces dernières années ?
Depuis le début de l’année 2020 et à l’instar du reste du monde, les agriculteurs et les entreprises agroalimentaires d’Afrique sont aux prises avec des vents contraires, à la suite de la pandémie de Covid-19 et en partie à cause de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ces crises ont perturbé les chaînes d’approvisionnement mondial et mis en péril la sécurité alimentaire. En Afrique, qui dépend fortement des importations, ces chocs ont fortement renchéri les moyens de subsistance, en particulier pour les ménages vulnérables, mais aussi les coûts de production alimentaire nationale.
Quel impact la pandémie de Covid-19 a-t-elle eu sur l’agriculture africaine ?
Début 2020, les gouvernements du monde entier, dont ceux en Afrique, ont imposé des restrictions sanitaires et économiques pour endiguer la propagation du coronavirus. Les pays africains ont fermé leurs frontières et restreint les déplacements, dans le cadre de mesures qui ont perturbé les systèmes de production alimentaire et provoqué l’interruption ou le ralentissement des activités de nombreuses usines de transformation. Les perturbations causées par la pandémie et les mesures sanitaires qui en ont découlé ont compliqué l’accès aux marchés étrangers des produits agricoles de base africains, ce qui a réduit les recettes en devises et privé les gouvernements de revenus dont ils ont grand besoin.
Quel impact l’invasion de l’Ukraine par la Russie a-t-elle sur l’agriculture africaine ?
L’Ukraine et la Russie sont de grands exportateurs de blé, de maïs, d’huile de tournesol et d’orge. Tous deux représentent 30 % de la production mondiale de blé, 27 % de celle de l’orge, 17 % du maïs et 70 % de l’huile de tournesol. Aussi le conflit entre la Russie et l’Ukraine a-t-il fait exploser les cours mondiaux de ces céréales et oléagineux. En Afrique, le prix du blé a bondi de plus de 40 % dans certains pays.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a également aggravé la pénurie d’engrais. La Russie, l’un des principaux fournisseurs d’engrais de l’Afrique, représente 15 % du commerce mondial d’engrais azotés. L’Ukraine et la Russie fournissent ensemble 20 % de la potasse mondiale un engrais essentiel pour aider les plantes à conserver l’eau et à résister à la sécheresse et près de 50 % des engrais de mélange.Après l’invasion, les prix des engrais dans la plupart des pays africains ont été multipliés par trois ou quatre, par rapport à 2020. Les pénuries et les pics de prix ont créé un déficit d’approvisionnement de 2 millions de tonnes sur le continent, menaçant la production agricole, alors qu’approchait la saison 2022 des semis.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a-t-elle contribué à un pic de l’inflation mondiale ? Si oui, comment ?
Oui, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a entraîné une flambée de l’inflation mondiale. Certaines des raisons de ce phénomène sont détaillées ci-dessus. En résumé, les deux pays représentent une part importante de la production mondiale de blé, d’orge et d’huile de cuisson. La Russie est le deuxième plus grand exportateur de pétrole et de gaz au monde. Les sanctions que les pays occidentaux ont imposées à la Russie en réponse à son invasion de l’Ukraine ont entraîné des hausses importantes des prix du carburant et des engrais, car le gaz naturel liquéfié est aussi un ingrédient clé dans la production d’engrais azotés, les plus utilisés dans le monde.
Comment la Banque africaine de développement a-t-elle réagi à ces chocs exogènes ?
La Banque africaine de développement a lancé une série d’initiatives pour fournir un soutien rapide, des financements flexibles surtout, à ses pays membres qui gèrent les effets des chocs externes. En réponse au début de la pandémie de Covid-19, la Banque africaine de développement avait lancé la Réponse de « Nourrir l’Afrique » à la Covid-19 (FAREC), pour garantir une sécurité alimentaire et nutritionnelle continue dans ses pays membres régionaux. Le mécanisme offre un appui aux gouvernements, aux agriculteurs et au secteur privé pour atténuer les impacts de la pandémie sur les systèmes agroalimentaires.La Banque a également mis en place la Facilité de réponse rapide à la Covid-19, dotée de 10 milliards de dollars, environ 5.000 milliards FCFA et lancé une obligation sociale de 3 milliards de dollars, soit 1500 milliards FCFA pour fournir un financement rapide et flexible aux pays africains. L’invasion russe en Ukraine a entraîné une pénurie de 30 millions de tonnes de nourriture au moins dans toute l’Afrique, qui affecte surtout le blé, le maïs et le soja.
Pour éviter une crise alimentaire, la Banque africaine de développement a approuvé, en mai 2022, la Facilité africaine de production alimentaire d’urgence, dotée de 1,5 milliard de dollars, pour aider à stimuler la production agroalimentaire. S’appuyant sur le succès de la plateforme « Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine » (TAAT) de la Banque, la facilité fournit des semences certifiées à 20 millions de petits exploitants africains et leur élargit l’accès aux engrais. Ce qui leur permettra de produire 38 millions de tonnes de nourriture en deux ans, soit une augmentation de la production alimentaire de 12 milliards de dollars.
L’initiative offre également aux agriculteurs des services de vulgarisation et les aide dans la gestion post-récolte et le développement des marchés. Au niveau stratégique, le mécanisme a commencé à soutenir la réforme des politiques pour faciliter l’accès des agriculteurs à des intrants modernes, notamment en renforçant les institutions nationales qui supervisent les marchés d’intrants. Depuis son lancement en mai 2022, la Banque a approuvé 1,6 milliard de dollars d’investissements dans 34 pays, avec le soutien financier du Japon, de la Norvège, de l’Allemagne, des Pays-Bas et des États-Unis.
Qu’est-ce qu’une agriculture intelligente face au climat ?
L’agriculture intelligente face au climat consiste à adopter des technologies qui adaptent la production alimentaire aux aléas des changements climatiques. Il s’agit notamment d’adopter des semences de blé tolérant à la chaleur, de variétés de maïs tolérant à la sécheresse et de développer une aquaculture à faible émission de carbone.
Pourquoi l’agriculture intelligente face au climat est-elle importante pour l’Afrique et le reste de la planète ?
La hausse des températures mondiales et des phénomènes météorologiques extrêmes menacent le potentiel du continent à atteindre l’autosuffisance alimentaire, voire à devenir un grenier mondial. Aujourd’hui, 60 % des 10 pays les plus menacés par la sécheresse sont africains.Heureusement, il existe des solutions qui peuvent accroître la productivité et la résilience alimentaires, tout en réduisant ou en limitant les émissions de carbone. Le succès de l’Afrique dans la mise en œuvre de ces solutions, notamment l’agriculture intelligente face au climat, déterminera l’avenir agroalimentaire d’une large partie du monde.
Quelles sont les menaces climatiques auxquelles l’Afrique est confrontée et quel est leur impact sur la production agroalimentaire ?
En Afrique, de nombreuses régions sont sujettes aux sécheresses ou aux inondations, qui entravent l’activité agricole. Les régions du Sahel et de la Corne de l’Afrique sont particulièrement affectées par la sécheresse et la faiblesse des précipitations. Sans pluie en quantité suffisante, les cultures poussent difficilement, voire sont vouées à l’échec ; et le fourrage manque pour le bétail. Les sécheresses récurrentes affectent le temps de récupération des écosystèmes et des habitats, ce qui entraîne un manque de pâturages et de points d’eau. Des précipitations excessives peuvent aussi être néfastes. Les fortes pluies, en particulier sur une courte période, peuvent entraîner une érosion des sols, ce qui rend les terres agricoles moins arables et moins productives. Les changements climatiques pourraient entre autres conséquences néfastes sur l’agriculture susciter des phénomènes météorologiques encore plus extrêmes, entre sécheresses plus sévères et précipitations trop irrégulières. Le réchauffement des températures mondiales devrait entraîner une montée du niveau des mers à mesure que les glaciers fondent, provoquant des inondations côtières et entraînant la perte de terres, leur salinisation et des migrations forcées. Tout cela constitue une menace pour la production agricole dans les régions côtières africaines. Certaines parties du continent, comme l’Afrique australe, sont sujettes aux cyclones. Ces dernières années, les cyclones tropicaux Idai et Kenneth ont causé de terribles dégâts au Mozambique, au Zimbabwe et au Malawi, détruisant notamment plus de 800 000 ha de cultures.
Quelles sont les autres initiatives de la Banque africaine de développement pour surmonter les défis de l’agriculture africaine ?
L’initiative des Zones spéciales de transformation agro-industrielle (SAPZ par sigle anglais) et le Programme de financement des risques de catastrophe en Afrique ne sont que deux exemples parmi les initiatives que la Banque a lancées pour renforcer l’agriculture.Depuis 2017, la Banque africaine de développement a engagé plus de 840 millions de dollars dans le développement de zones spéciales de transformation agricole à travers toute l’Afrique. Objectif : mettre en place des pôles agro-industriels à proximité des zones de production agricole, qui intègrent des infrastructures et la logistique nécessaires pour attirer les investissements du secteur privé susceptibles de stimuler les activités de transformation et l’agro-industrie.
À ce jour, la Banque a investi dans 24 SAPZ, dans les pays suivants : Côte d’Ivoire ; République démocratique du Congo ; Éthiopie, Guinée ; Mali ; Madagascar ; Sénégal ; Libéria ; Mozambique ; Nigeria ; et Togo.
Au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, deux régions où la sécurité alimentaire est menacée à la fois par l’instabilité politique et la sécheresse, la Banque a développé des programmes adaptés aux spécificités et aux défis de chacune. Le Programme de financement des risques de catastrophe en Afrique (dit ADRIFI par acronyme anglais) est une initiative de la Banque africaine de développement conduite en partenariat avec l’AfricanRiskCapacity, qui offre un mécanisme de financement des risques de catastrophes naturelles, comme une couverture d’assurance, pour aider les pays membres à atténuer les impacts des événements météorologiques extrêmes liés aux changements climatiques.En 2020, Madagascar a ainsi bénéficié d’un versement d’assurance de 2,13 millions de dollars de la part de l’AfricanRiskCapacity pour couvrir les pertes dues aux mauvaises récoltes causées par les changements climatiques. Ce qui a permis d’amortir l’insécurité alimentaire de centaines de milliers de personnes vulnérables et de freiner les migrations motivées par la quête de nourriture et de travail.
Source : Banque Africaine de développement